Salut Érik, peux-tu te présenter aux lecteurs de Runpack ?
Erik Clavery : Je suis Erik Clavery, 39 ans et sportif de haut niveau. De parents sportifs et professeurs d’EPS, je cours depuis que je suis tout petit. J’ai un profil triathlon, j’ai fait 2 fois le championnat du monde d’Iron Man d’Hawaï, mais depuis 2008 je me suis vraiment mis au trail. En 2011, je deviens champion du monde de trail, en 2015 et 2018 je fais 6ème et 8ème à l’UTMB, 5ème au Marathon des Sables. En 2018, champion du 24h France à Albi avec 254km à peu près. Et je bats mon record en 2019 lors du championnat du monde de 24h à Albi avec 272,217km qui deviendra aussi le record de France.
Pour cette année 2020, ça sent être une belle saison blanche en termes de compétition, malgré tout j’ai un gros et beau projet en juin…
Tu as commencé la formation Running Yogis à Lyon, pourquoi ce souhait ?
EC : Je suis très intéressé par les méthodes parallèles pour performer tout en restant dans la volonté du sport santé, d’où les entraînements croisés et l’approche mentale. Finalement c’est grâce à Nathalie Mauclair (traileuse française pro) que j’ai connu le Running Yoga et l’approche m’a plu. Je pratiquais déjà seul et archaïquement un peu ce type de yoga mais sans pouvoir y mettre des mots. Maintenant, ça me permet de le faire mais de manière consciente en ressentant mon corps. Je mets tout ça en pratique depuis le début de ma formation. Que je sois sur tapis, sur home trainer, ou quand je fais du renforcement je suis conscient du ressenti, de la coordination entre le souffle, le geste et la posture dans la foulée.
Quels ont été tes premiers ressentis ? As-tu vu de réelles différences sur ta pratique de la course à pied ?
EC : Dès le 1er weekend, il y a eu une différence sur le ressenti et l’approche de la course. Entre cette formation de Running Yoga et la préparation mentale que je pratique, certains points vont dans le même sens et se superposent, ce qui devient très riche pour ma pratique sportive. La conscience et la visualisation intérieure permettent de mieux se connaître et de mieux gérer l’effort pour aller plus loin et mieux. La possibilité d’économiser de l’énergie sur les paramètres futiles en course pour se concentrer pleinement sur les gestes et postures nécessaires. Par exemple, les épaules aident à la propulsion et au dynamisme de l’ensemble mais doivent être relâchées, ce sont les jambes qui restent moteurs.
Comment pratiques-tu le Running Yoga et avec quel équipement pars-tu courir ?
EC : Essentiellement le matin, au réveil. En période de confinement c’est plus facile. Ça dynamise le corps pour la journée et ça me sert aussi d’étirements. En faisant ma phrase de yogi, j’étire l’ensemble du corps tout en étant conscient de chaque geste et souffle. L’équipement reste le même depuis que je pratique le Running Yoga, ma paire de Salomon, mon short, mon T-shirt.
« Le Running Yoga est une pratique en laquelle je crois et qui est impactante très rapidement »
Quels sont tes projets une fois cette formation terminée ?
EC : Ma passion c’est le sport donc je souhaite me reconvertir professionnellement et me rapprocher du sport santé. Je développe des interventions en entreprise, en club, en association, que ce soit en coaching ou en intervention dans les entreprises par rapport à mes expériences. Le Running Yoga est une pratique en laquelle je crois et qui est impactante très rapidement. En une demie journée tu ressens des choses juste parce que tu as pris le temps de prendre conscience de tes actions. Aujourd’hui, beaucoup de personnes courent pour courir, sans conscientiser. En prenant conscience, tu performes mieux si tu veux performer et si c’est pour le plaisir tu ressens vite et encore plus le bien-être véhiculé. Le Running Yoga a un fort impact sur le mental et la préparation.
Quels sont tes objectifs pour cette saison estivale qui s’annonce spéciale ?
Mon gros objectif était le championnat de monde de 100km qui devait être fin avril. Le championnat du monde de 200km aux Pays-Bas est annulé. Le championnat d’Europe du 24h n’est pas encore annulé, mais ça ne devrait pas tarder.
Après, comme je te disais tout à l’heure j’ai un gros et beau projet en juin. La traversée des Pyrénées en 10 jours. Avec l’équivalent de 900km et 55000m de D+. Ça semble fou mais je m’inspire de Mike Horn. J’aime bien me dire que si c’est « impossible » il faut que je le fasse. Je souhaite prouver que rien n’est impossible si on a vraiment la volonté de la faire. Je pars de Banyuls sur Mer le 10 juin à 18h, avec une arrivée vers le 20 juin. Tout sera partagé en live sur mon site Internet, sur les réseaux sociaux. L’idée est de partager avec ceux qui sont chez eux, donner envie aux gens, les faire rêver via mon projet. Et ceux qui peuvent et veulent venir courir un bout avec moi, qu’ils viennent. Le partage est vraiment fondamental dans ce projet !
« Je vois mon sport selon ce que j’appelle les 4 P : performance, plaisir, passion, partage »
Es-tu soutenu par des partenaires afin de faciliter ta pratique de la course à pied ?
EC : J’ai été dans des teams, comme Asics ou Adidas. Mais maintenant je suis plus dans une phase où je fais les choses par envie et plaisir et parce qu’humainement ça m’apporte. Il est facile de trouver des partenaires matériels. Financiers beaucoup moins. J’ai des partenaires mais plus par affinités. 360 expert Outdoor vers Saint Sébastien, spécialisé dans le sport montagne, Time Pulse, un chronométreur de la région et puis BV Sport. Pour mon projet Pyrénées, j’ai plus facilement trouvé des partenaires car il y a une démarche de communication autour.
Quelle est ta paire favorite du moment et pourquoi ?
EC : Pour le trail, j’utilise des Salomon, qui sont très fragiles malheureusement mais niveau adhérence, traction et confort elles sont excellentes ! Pour la route, je suis avec les Salomon RA Sonic 2, le chaussant est large donc idéal pour mon pied. Avant j’étais plus avec Adidas et notamment la Adios qui est extrêmement légère mais plus étroite donc mes pieds étouffaient.
Lorsque tu pars en compétition, qu’emmènes-tu dans ton sac ? As-tu un objet fétiche ou une pratique particulière avant course ?
EC : Avant chaque course, mentalement je crée un retro-planning pour bien hiérarchiser les étapes et me mettre dans la course. Pour l’objet fétiche, j’en ai trois. Mon poignet éponge, ma casquette à fleurs et un cuissard pour le confort et maintenir les muscles des cuisses.
Dans mon sac… Tout. Produits énergétiques Meltonic, ma gamme favorite pour les ravitaillements que j’ai rejoint pour la philosophie du respect et de la préservation de l’environnement, la qualité, la proximité et l’affinité humaine. Ensuite, j’ai toujours deux paires voire trois de chaussures même si je n’en change pas… mais c’est psychologique. Pareil pour les tenues mais elle reste plus ou moins toujours la même lors de la course.
Quels conseils aimerais-tu donner à nos lecteurs sur la pratique sportive ou en termes d’équipement ?
En termes d’équipements, rien car je pense qu’il faut trouver chaussure à son pied. Mon point de vue n’est pas une science exacte. On est 7 milliards sur Terre, il y a donc 7 milliards de vérités différentes. Conseiller je trouve ça délicat, ce que je fais moi ça ne plaira peut être pas à d’autres. Après niveau pratique, se faire plaisir avant tout. Plaisir immédiat ou projeté. Par là j’entends le plaisir pur d’aller faire son footing ou alors se forcer à s’entraîner quand il pleut pour plus tard prendre du plaisir sur une compétition et être fier de l’accomplissement car les moyens auront été mis.
Pour la pratique du Running Yoga, c’est accessible à tous, ça se pratique partout, il n’y a aucune bonne raison de ne pas pratiquer. Ça apporte beaucoup et rapidement, c’est simple à mettre en place. C’est une réelle prise de conscience de son corps à soi qui est le véhicule de notre âme donc autant en prendre soin.
Merci Érik pour cette interview !
Retrouvez le site d’Érik Clavery pour le suivre en direct à travers son aventure à partir du 10 juin à 18h !
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