Fondé par Bénédicte Opsomer et Pascal Jover en 2015, le Running Yoga est un yoga aux multiples bienfaits. Il permet aux coureurs sur route, aux trailers, aux athlètes de haut niveau et aux runners loisirs d’optimiser leur posture pour être plus efficace, de gagner en tonicité, d’économiser l’énergie à chaque foulée, de réduire la fatigue, de régénérer le corps plus rapidement et d’éviter les blessures.
« Se réapproprier le schéma corporel, optimiser la manière de respirer et améliorer la technicité de la foulée, que l’on soit athlète de haut niveau ou coureur loisir »
Pouvez-vous vous présenter aux lecteurs de Runpack et nous dire comment est né le Running Yoga ?
Bénédicte Opsomer : Je suis fondamentalement citoyenne du monde. Fille d’expat et femme d’expat, j’ai beaucoup voyagé. J’ai commencé la course à pied pour améliorer mon hygiène de vie. Le yoga c’est au Brésil que je l’ai découvert, par une approche pré-natale. En Inde, j’ai été assidue au cours de yoga et j’ai commencé à l’enseigner. Quand je suis rentrée en France, il me fallait un diplôme, alors j’ai intégré l’École Française de Yoga du Sud-Ouest, à Bordeaux, c’est d’ailleurs à cette formation que Pascal et moi nous sommes rencontrés, nous étions les rares élèves à courir le soir alors on se retrouvait à courir ensemble. Ensuite durant mon deuxième séjour en Inde, j’ai découvert diverses lignées du yoga desquelles nous nous sommes inspirés, Pascal et moi, pour construire ce qu’est aujourd’hui le Running Yoga.
Pascal Jover : De mon côté, je viens du monde scientifique mais je me suis vite rendu compte qu’humainement ça ne me correspondait pas. J’ai décidé de vivre pour moi, pas pour les autres, j’ai pris mon sac à dos et je suis parti vivre en Australie. À mon retour en France, j’ai fait une formation en médecine chinoise et la formation de yoga à Bordeaux. Niveau sport, c’est à 21 ans que j’ai commencé à courir régulièrement. J’ai découvert une approche « posture » lorsque j’étais en club de triathlon, elle regroupait un peu de Qi Gong, Tai Chi, Yoga, c’était une approche très énergétique. Ça m’a permis de travailler le mental, la régularité, les ressentis et la souplesse… cette approche a révolutionné ma façon de voir le sport, de juger l’effort et le corps humain et mes progrès ont été fulgurants. C’est ce qui m’a invité à approfondir ma pratique du yoga. Pour moi, yoga et sport sont imbriqués comme les fibres de notre ADN.
« Le Running Yoga est finalement né en réponse à une hausse de la demande qui découle de notre premier projet Cosmose, spécialisé dans l’animation à deux voix d’ateliers de yoga. »
Existe-t-il une différence entre « faire du yoga et du running » et « faire du Running Yoga » ?
PJ : Faire du running et faire du yoga c’est complémentaire, ça assouplit, étire, ça permet de mieux récupérer. Alors que faire du Running Yoga c’est beaucoup plus fusionnel. Les postures que l’on propose vont permettre d’améliorer, d’optimiser le geste technique pour courir. Ce geste est aujourd’hui galvaudé car on pense tous savoir courir alors que non… Courir est aussi technique que nager ou sauter à la perche. On vit le running comme un asana, en relâchement et dans le plaisir.
BO : Pour faire ce que le Running Yoga est ce qu’il est aujourd’hui, il nous a fallu décortiquer les postures de diverses lignées du yoga et prendre ce qui correspond le plus au coureur. Le Running Yoga c’est être dans l’écoute de soi, partout, pour toujours être dans la bienveillance. C’est être conscient en courant et savoir quelle phrase yoga, quel asana mettre en place pour être en meilleur forme.
Le Running Yoga est-il adapté à tous ?
PJ : Elle est profitable à tous. On cherche le relâchement dans l’effort ce qui permet d’économiser notre énergie qui va pouvoir être réinvestie. Le performeur va pouvoir aller plus vite, le traileur ira plus loin et le runner loisir finira sa course moins fatigué, moins en souffrance. La méthode a divers tiroirs en fonction de la technicité de la foulée. Il y a des ateliers spécifiques pour les traileurs, le coureurs sur route…
BO : On a aussi le Running Yoga Kids and Teens qui permet aux enfants et ados de se réapproprier le schéma corporel, de développer la motricité globale et fine, la concentration, l’attention.
À quelle fréquence faut-il pratiquer pour que ce soit efficace et comment l’intégrer dans son entraînement ?
PJ : Comme tout apprentissage corporel, plus tu pratiques, plus tu progresses. On mise sur l’assiduité plus que l’intensité. En faisant un cours par semaine avec un ambassadeur Running Yoga, tu apprends quelques techniques, tu découvres des sensations et ensuite tu les reproduis quand tu pars courir. Un entrainement avec un ambassadeur est composé d’un atelier de yoga suivi d’un atelier mise en pratique en course à pied, avec l’échelle de rythme, des éducatifs et une recherche de ressentis baskets aux pieds. Pour que ton corps ressente vraiment quelque chose qui l’impacte, qui lui fasse comprendre quelque chose. Avant ton entrainement, tu prends 5’ pour te remémorer ta séance, tu retravailles un peu les épaules, le bassin, les appuis et petit à petit ça va devenir un automatisme, ton corps va revenir à la technique tout seul. Pratiquer avant d’aller courir ou comme une séance de PPG, le Running Yoga est transversal et permet d’améliorer l’entraînement qui est longitudinal.
« Pour que courir soit toujours un plaisir »
Comment devient-on ambassadeur Running Yoga ?
PJ : Ça passe par la formation professionnelle de la Running Yogis Academy en 110h, avec un peu de théorique, beaucoup de postural et de mise en pratique dans les running. L’objectif est de rendre les gens autonomes dans l’enseignement des techniques fondamentales du Running Yoga. Les ambassadeurs aident à promouvoir un message de bienveillance vis à vis de soi, de joie de courir dans la souplesse, ils sont là proposer une technique et montrer un chemin avec des valeurs humaines fortes. Ils invitent les gens à vivre leur propre expérience.
BO : Le Running Yoga est fondé sur des principes édités dans les Yogas Sütras de Patañjali, ou les paroles de Roger Clerc. L’enseignant s’engage à inviter ses élèves à explorer des ressentis et s’engage lui-même à être ouvert, à explorer les yamas, niyamas.
De quels équipements a-t-on besoin pour pratiquer le Running Yoga ?
BO : Juste l’essentiel pour courir, rien de sophistiqué.
PJ : Et pour le yoga, un tapis, une sangle et une brique. On est old-school et on est plus comme Kilian Jornet qui promeut l’école de la légèreté. On revient aux sensations intérieures et non aux outils technologiques. Comme Kilian Jornet le faisait comprendre, trop de gens ont ce sentiment de fausse sécurité avec tout leur matériel et c’est là que ça peut devenir dangereux.
Quels conseils à donner aux lecteurs de Runpack sur la pratique sportive ?
BO : Essayer et faire sa propre expérience du Running Yoga avec l’ambassadeur du coin ! Et après, il faut avant tout prendre du plaisir pour courir. Beaucoup de femmes se maltraitent et courent pour perdre du poids. Il est nécessaire de changer cet état d’esprit de « je vais courir, je vais en chier et je vais perdre du poids », au contraire, on court, on va être plus légère, ça se fait doucement mais surement et après ça, on courra plus aisément. Il faut changer la pensée car « là où va la pensée, va l’énergie.
PJ : Penser à la récupération. Les gens ont tendance à courir en négligeant le repos qui fait partie de l’entraînement. Comme Bénédicte, il faut changer la pensée. Éviter de se dire « J’ai mangé ça, je dois courir pour l’éliminer », plutôt se dire « Je mange parce que j’ai dépensé. » Il faut changer notre regard dans la pratique et retrouver la dimension du plaisir. Tout en prenant ces temps de récupération sinon on arrive généralement à des blessures ou des contre-performances.
Pour en savoir encore plus, voici le site RUNNING YOGIS et leur page Facebook.
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